Edward Hopper, le dernier puritain ? La vie d'Edward Hopper, né en 1882 et mort en 1967, couvre plus de trois décennies pendant lesquelles les Etats-Unis connaissent une mutation économique et industrielle sans précédent. Il est souvent considéré comme un interprète de l'Amérique de son époque. Mais ses tableaux reflètent-ils la réalité du pays des années 20 à la fin des années 60 ? Si la crise de 29 n'est pas occultée par Hopper, le peintre ne l'aborde pas de manière explicite mais tout en subtilité à travers des personnages pensifs dans des villes désertes. Que voit-on dans ses tableaux de l'industrialisation rapide qui succède à la crise de 29 et permet aux Etats Unis de s'imposer comme la première puissance mondiale ? Hopper a reçu de sa famille une éducation protestante rigoureuse voire rigoriste. Le puritanisme dont il est l'héritier transparaît dans ses tableaux mais il transpose les valeurs traditionnelles du protestantisme évangélique dans un contexte moderne. Un sentiment d'étrangeté et de paradoxe en résulte. Au-delà de la perception immédiate de l'image, ses tableaux autorisent une interprétation des signes. C'est pourquoi nous nous livrerons à un décodage des références religieuses bibliques ainsi que des marqueurs d'une société en pleine mutation dans laquelle Hopper a du mal à trouver sa place. Hopper semble en effet bien éloigné de la promotion idéologique de l'American Way of life. Très peu préoccupé en apparence par les grands sujets sociétaux et politiques qui ébranlent son pays: Ségrégation, Human Rights, Maccarthisme, Guerre froide, Guerre du Vietman... Comme s'il voulait abstraire son art de la réalité d'un monde trop violent. Il donne l'impression de privilégier la solitude et la réflexion intérieure. Chez Hopper tout semble immobile et silencieux ; il peint des personnages figés, seuls ou ne communiquant pas les uns avec les autres, sur des seuils de maisons ou des intérieurs au mobilier réduit.