Des ministres qui quittent la politique pour le monde des affaires, des patrons qui rêvent d'influencer la vie politique: en France, les passages entre business et politique n'ont jamais été aussi nombreux. Y a-t-il un risque de mélange des genres, voire de conflit d'intérêt ? Jusqu'où l'argent privé peut-il influencer la démocratie ? Élise Menand a enquêté sur les liens entre ces deux mondes, et sur l'efficacité des règles censées les encadrer. C'était une promesse du candidat Emmanuel Macron en 2017: faire de la place, dans son gouvernement, aux talents issus de la société civile. Mais que deviennent ces hommes et femmes, une fois leur fonction ministérielle terminée ? Ils sont deux fois plus nombreux qu'avant à occuper une fonction dans le privé lucratif, comme Edouard Philippe, Olivier Véran, ou Muriel Pénicaud. On appelle cela le pantouflage. Certains d'entre eux travaillent pour des entreprises du secteur dont ils étaient en charge en tant que ministre. Comment s'assurer qu'ils ne tenteront pas d'influencer leurs anciens camarades du gouvernement, pour favoriser les intérêts de leur entreprise ? Parmi les ministres "pantoufleurs": Cédric O, ancien secrétaire d'État au numérique, a ensuite cofondé une entreprise d'intelligence artificielle, Mistral AI. Quel rôle a-t-il joué en tant que lobbyiste à Bruxelles, durant les négociations sur la loi européenne censée réguler, justement, l'intelligence artificielle ? A-t-il respecté les règles censées éviter les conflits d'intérêts ? Ces règles sont-elles assez efficaces ? Élise Lucet a posé toutes ces questions à l'ancien président de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, Didier Migaud. S'il y a des politiques qui partent faire des affaires, un patron s'intéresse, lui, de très près à la politique: Pierre-Edouard Stérin. Ce milliardaire a fait fortune grâce à la Smartbox, et se rêve aujourd'hui en faiseur de roi: il a décidé de consacrer une partie de son argent à "servir et sauver la France".